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jeudi 6 juin 2013

Révolte dans des cités U algériennes à l'abandon

À la cité du 17 octobre 1961, des étudiants ont mis le feu à leurs couvertures et saccagé notamment la loge des gardiens et la buanderie. 
 
Cantines fermées, immeubles insalubres, insécurité : les étudiants qui vivent en résidence universitaire, à Béjaïa, dans le nord de l’Algérie, vivent un véritable calvaire depuis que les travailleurs des œuvres universitaires ont entamé une grève il y a un mois. Témoignages.
  
Dimanche dernier, de violents affrontements ont éclaté entre étudiants et forces de l’ordre dans plusieurs résidences universitaires de la wilaya de Béjaïa. Les étudiants ont brûlé des matelas et saccagé des locaux de l’administration - notamment à la résidence Tahar Djaout, la Nouvelle pépinière à Béjaïa et celle de Berchiche, dans le village d’El Kseur - pour protester contre la dégradation des conditions d’hygiène et de sécurité dans leurs résidences. Ils ont également saccagé le siège de la direction des œuvres sociales, à Béjaïa, qui gère les résidences universitaires.
  
Le lendemain, des dizaines d’entre eux sont également sortis dans la rue et ont bloqué des axes routiers importants pour réclamer la libération de quatre de leurs camarades arrêtés dans les affrontements de la veille.
 
Des étudiants ont jeté leurs couvertures dans la cour avant de les brûler pour protester contre la dégradation de leurs conditions de vie.
 
Les conditions d’hébergement dans les cités universitaires se sont considérablement dégradées depuis que les travailleurs des œuvres universitaires ont entamé leur grève illimitée fin mars pour réclamer une revalorisation des salaires. Des revendications pourtant soutenues par de nombreux étudiants. 
CONTRIBUTEURS

"Cette situation est d'autant plus insupportable qu'elle intervient en pleine période d’examen"

Samira H. est étudiante en sciences mathématiques et informatiques à l’Université de Béjaïa. Elle habite la cité Tahar Djaout où ont eu lieu des affrontements ce week-end.
  
Je me suis enfuie chez ma tante dès que les violences ont éclaté dimanche mais je suis revenue à la cité aujourd’hui car nous sommes en pleine période d’examens. Je ne suis pas d’accord avec l’attitude des étudiants qui ont commis ces actes de saccages mais je comprends leur colère car la vie dans la cité universitaire est devenue insupportable depuis que les travailleurs des œuvres universitaires sont entrés en grève.
 
Les pompiers ont dû intervenir pour circonscrire le feu.
 
Les immondices qui s’entassent au bas des immeubles depuis un mois ont plongé la cité dans une odeur nauséabonde insoutenable. Les espaces communs de la résidence, comme les douches et les toilettes, n’ont pas non plus été nettoyées car les femmes de ménage sont, elles aussi, en grève. Nous faisons de notre mieux pour maintenir ces lieux propres mais des odeurs pestilentielles arrivent jusque dans les chambres.
 
Comme la cantine n’ouvre plus depuis des semaines, avec mes copines, nous nous cotisons tous les jours pour acheter de la nourriture pas chère, comme les pâtes, que nous cuisinons dans nos chambres. Certains n’ont pas cette chance, ils n’ont plus de quoi s’acheter à manger, notamment à cause du retard dans le versement de la bourse qui devait être effectué au mois de février. Il s’agit, même en temps normal, d’une somme tellement dérisoire [40 euros par trimestre environ] que, sans l’aide de ma famille, je ne pourrais personnellement pas tenir plus de dix jours.
 
Cette situation est d’autant plus insupportable qu’elle intervient en pleine période d’examen. Hier, plusieurs unités de formation ont annulé leurs partiels car les étudiants ne pouvaient plus se rendre à leur université, la route ayant été bloquée par des camardes pour protester contre les autorités. Aujourd’hui, les cours ont repris normalement mais, dans les cités, le calvaire des étudiants se poursuit. 
 
 

"En trois ans, l'eau n'a jamais coulé dans les douches"

Fadela B. vit dans la cité Berchiche, à El Kseur, à une vingtaine de kilomètres de Béjaïa ville.
  
Depuis le début de la grève des agents de sécurité, les gens entrent dans notre résidence comme dans un moulin. Des hommes, qui ne sont pas étudiants, profitent en effet de cette situation pour s’introduire dans la cité et n’hésitent pas à harceler les filles. Pour l’instant, rien de grave n’est arrivé mais, si une fille se fait agresser, personne ne sera là pour la protéger.
 
Notre situation n’a jamais été optimale. Dans cette résidence, il y des coupures d’eau fréquentes. Si on n’oublie d’en stocker, on n’a même pas de quoi cuisiner. Depuis trois ans que je vis dans cette résidence, l’eau n’est jamais arrivée dans les douches installées sur le pallier. C’est un mystère ! Nous sommes donc obligés de nous laver dans nos chambres qui ne sont pas équipées pour.
 
 
Toutes les photos ont été envoyées par notre Observateur Gacemi Khaled.

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