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jeudi 20 décembre 2012

ELWATAN-ALHABIB


Factum politique à l'usage du président François Hollande en visite d’État à Alger





Ainsi donc, et comme si les malheurs de sang et de larmes de la décennie noire n'y suffisaient pas, l'arrivée au pouvoir de M. Bouteflika et de son clan, a fait entrer l'Algérie de plain-pied, dans une nouvelle décennie noire : celle de la grande corruption qui ravage quotidiennement notre pays qui a été mis en coupe réglée entre clans au pouvoir, par la prédation au grand jour des biens publics, par le bradage des ressources du pays aux intérêts étrangers, par les pillages en règle du patrimoine national et l'éclatement à intervalles réguliers, d'énormes scandales financiers et de détournements hors échelle, à coups de milliards de dollars au préjudice du peuple algérien, à la faveur du relèvement substantiel des recettes pétrolières et d'une aisance financière sans précédent, dont les surplus en devises étrangères dépassent largement aujourd'hui, le seuil de 220 milliards de dollars, gérés sous la seule responsabilité de M. Bouteflika et son clan, dans l'opacité la plus totale sans qu'aucune Institution nationale ou Autorité publique de contrôle n'en connaissent ni les adresses financières, ni la structure fiduciaire, ni les mouvements scripturaux, ni l'emploi, ni les profits générés. Ce qui constitue en soi, un cas de forfaiture gravissime, justifiant largement la mise en accusation publique du Chef de l'Etat lui-même, de son Gouvernement et du Gouverneur de la Banque d'Algérie.



Abdelkader Dehbi
Mardi 18 Décembre 2012


Factum politique à l'usage du président François Hollande en visite d'Etat à Alger
Monsieur le président, 
 
Votre visite imminente au pouvoir politique en place à Alger, que vous savez illégitime et mafieux à plus d'un titre, me donne l'occasion à travers ce factum politique, de m'adresser aussi, à une opinion publique française trop souvent abusée par les mensonges, les manipulations ou les silences, d'une désinformation sournoisement orchestrée par les médias, les lobbies autres relais de l'Ordre dominant, dont la France officielle est partie intégrante ; un Ordre dominant, usurpant le statut de "Communauté Internationale" pour mieux dissimuler sa vraie nature d'idéologie hégémonique impérialiste, sioniste et raciste, fondée sur les postulats détestables de l'exploitation, du bellicisme et de l'exclusion ; un Ordre dominant, parfaitement conscient des nouvelles donnes géostratégiques, doublées d'une conjoncture de crise économique persistante annonçant la fin prochaine de sa suprématie, qui semble reparti pour un tour, dans une nouvelle ère de Croisade contre l'Islam et le monde musulman pour tenter une fois de plus d'en contrôler les ressources, tout en cherchant à en empêcher l'inexorable renaissance, en tant qu'alternative idéologique, humaniste et morale crédible, contre le règne de la violence, de l'argent et de la chair qui ravage une société occidentale, désormais en phase historique décadente.
 
Une nouvelle ère de Croisade contre l'Islam et le monde musulman essentiellement tendue sur quatre directions:
 
1./ L'instrumentalisation politique du "terrorisme" réel ou souvent préfabriqué dans les officines de l'Ordre dominant et amplifiée à souhait, par les médias aux ordres pour briser psychologiquement chez les citoyens de base dans nos pays, toute volonté d'activité politique ou de résistance contre l'injustice et l'arbitraire des puissants, à l'intérieur comme à l'extérieur, et les décourager contre toute revendication pour le respect de leur dignité humaine, de leur liberté et de leurs droits civiques qui sont les conditions incontournables pour l'instauration d’États de Droit et d'Institutions authentiquement démocratiques dans nos régions ;
 
2./ L'encouragement, voire la mise en place, si nécessaire par la violence dans nos pays – et l'exemple du pouvoir en place à Alger en témoigne – d'un réseau de régimes politiques supplétifs et corrompus, véritables satrapes des temps modernes, totalement inféodés aux intérêts des puissances de l'Ordre dominant qui les protège en retour, contre leurs propres peuples qui leur dénient toute légitimité ;
 
3./ L'instauration de contrôles multiformes – à travers leurs officines, leurs chancelleries et leurs réseaux bancaires et financiers –  sur nos économies nationales pour les maintenir dans la dépendance et la surveillance de nos ressources financières et de l'usage qui en est fait, pour compromettre tous les investissements dans des secteurs éminemment stratégiques comme l'Education, la Santé ou l'Agriculture, tandis que les budgets des équipements militaires et sécuritaires sont surdimensionnés et constituent une véritable hémorragie nourrissant les marchands de canons et autres industriels de la mort ainsi que leurs complices compradores;
 
4./ L'exclusion par la marginalisation à l'intérieur ou l'exil sur l'étranger, de nos plus brillantes élites intellectuelles et de nos meilleures compétences scientifiques et techniques de standing international, que notre pays compte par dizaines de milliers, pour les tenir éloignés du champ des responsabilités politiques et de la gestion des affaires publiques Ceci afin de maintenir dans nos pays, le règne de la médiocrité, de la vénalité et de la trahison. Sauf le respect que l'on doit avoir pour une frange infime de cadres supérieurs de la nation, civils et militaires confondus, constituée par d'authentiques patriotes intègres et compétents, que les hasards de carrière ont fourvoyés dans les structures d'un Etat malade.  
 
La France complice du régime algérien

 
Monsieur le président,
 
Tout a été dit ou presque sur la tragédie algérienne des années 90. Des centaines, peut-être des milliers de documents, de témoignages, de livres, en arabe comme en français et dans d'autres langues, ont été écrits sur le long calvaire du peuple algérien, isolé du monde extérieur, sans défense et sans recours, faisant face les mains nues  aux lois martiales barbares de ses bourreaux grisés par leur pouvoir ; des soudards "fratricides" , pétris de complexes et débordant de rancune contre leur propre peuple. Un long calvaire souvent vécu par les algériens entre la désinformation et le blackout le plus total des médias aux ordres, en Algérie comme en France.
 
Vous permettrez donc, Monsieur le président, au simple citoyen algérien que j'ai la fierté d'être, de vous dire crûment combien votre visite à Alger, tout autant que les visites officielles de vos deux prédécesseurs – M. Chirac en 2003 et M. Sarkozy en 2007 – ou celles d'autres leaders européens, étasuniens ou de l'Otan, témoigne une fois de plus, de la grave crise morale qui gangrène aujourd'hui plus que jamais auparavant, les puissances occidentales dont la France en particulier, volontiers donneuse de leçons de démocratie, de liberté, voire d'éthique politique… en tant que ces visites d'officiels occidentaux, sont perçues par une large frange du peuple algérien, comme de véritables forfaitures politiques et morales faisant hypocritement l'impasse, pour de basses considérations d'intérêts – pas toujours d'ordre public d'ailleurs – sur les terribles préjudices humains et matériels infligés au peuple algérien, tout au long des années 90 et dont certains relèvent de la qualification de Crimes de Guerre, du fait du pouvoir politique en place auquel vous vous apprêtez à rendre visite ; un pouvoir illégitime et mafieux,  issu – excusez du peu – d'un double Coup d'Etat :
 
-- Celui  du 11 Janvier 1992, perpétré par une junte de généraux putschistes, avec la complicité servile de leurs mentors civils, les "démocrates" autoproclamés, contre la volonté souveraine du peuple algérien qui venait d'élire démocratiquement en Décembre 1991, une large majorité parlementaire, sous les couleurs du Front Islamique du Salut ;
 
-- Celui du 15 Avril 1999, abusivement qualifié d'"élections présidentielles", portant à la présidence de la République, un candidat unique, M. Bouteflika, désigné par les généraux putschistes aux termes d'un deal immoral et honteux, conclu par-dessus la tête du peuple algérien et de l'intérêt de la Justice ;
 
Pour ce qui est du premier Coup d'Etat, j'en rappelle brièvement le bilan effroyable, dûment documenté par de nombreuses associations nationales ou ONG étrangères et s'établissant pour la période 1992 / 1999, que les algériens ont coutume de qualifier de "décennie noire" à plus de 200.000 morts; entre 15.000 et 20.000 "disparus"; des populations entières meurtries, sinistrées et déplacées, par centaines de milliers. Ce bilan désastreux, tant au plan humain et moral qu'au plan matériel est la conséquence directe des décisions et actes originels qui ont accompagné le Coup d'Etat, à savoir :
 
-- destitution du Chef d'Etat légitime du pays, le défunt président Chadli Bendjedid, mensongèrement maquillée en "démission";
-- proclamation inconstitutionnelle d'un Etat d'Urgence qui s'est révélé meurtrier en autorisant tous les excès de la violence d'Etat ;
-- désignation inconstitutionnelle d'un pseudo "Haut Conseil d'Etat" de 5 membres dirigé dans les faits par deux des généraux putschistes, Larbi Belkheir et Khaled Nezzar et présidé par le défunt Mohamed Boudiaf rappelé de son exil, le 16 Janvier 1992 et assassiné le 29 Juin de la même année, en pleine réunion publique télévisée depuis Annaba par ceux-là mêmes qui l'ont sollicité en croyant pouvoir le manipuler ;
-- instauration du couvre-feu dans les grandes villes pour couvrir toutes sortes d'exactions des forces sécuritaires ;
-- déportation dans le Grand Sud Algérien, par avions cargos et autres moyens de transport de l'armée, de plus de 15.000 citoyens accusés à tort ou à raison de "sympathies islamistes" et parqués dans 7 Camps de Concentration, parmi lesquels, l'ancien Site militaire de Reggane, où des centaines d'entre eux seront affectés à vie, par les radiations atomiques remontant aux essais nucléaires français des années 60 ;
-- rafles et arrestations massives, de jour comme de nuit, dans les quartiers populaires, contre les islamistes ou supposés tels et dont des milliers feront partie des 15 à 20.000 "disparus", ou feront l'objet d'exécutions sommaires, c’est-à-dire  extra-judiciaires ;
-- création de Tribunaux d'Exception, fonctionnant sur le mode des procédures expéditives et prononçant systématiquement les peines les plus lourdes, y compris les peines de mort ;
-- apparition ex nihilo, de milices et autres escadrons de la mort et de l'assassinat ciblé, commandités par les généraux putschistes et opérant sous faux pavillon des GIA et autres groupuscules dits "terroristes", infiltrés ou créés de toutes pièces, afin de faire basculer les opinions nationale et internationale contre les islamistes ; dans les pures traditions de la "guerre psychologique", car, comme par une étrange répétition à l'identique, des méthodes de la répression coloniale dans ses épisodes les plus sanglants, on retrouvera parfois à la tête de la répression anti islamiste – terrible ironie de l'Histoire ! – jusques aux mêmes soudards en chair et en os, reconvertis entre-temps, en "généraux" de l'armée algérienne, cassant du "barbu" ou du "tango" – comme ils disent entre eux pour brocarder les islamistes –  comme il cassaient naguère du "fellaga" aux cotés des tortionnaires de Bigeard et autres Aussaresses ;
-- massacres effrayants par leur sauvagerie, dans des agglomérations isolées ou à la périphérie des grandes villes, de populations civiles innocentes par centaines – en majorité des femmes et des enfants – soupçonnées de "sympathies islamistes", à l'exemple de ceux qui se sont déroulés dans le courant de l'été 1997 dans la banlieue d'Alger, à Bentalha ou à Raïs entre autres et qui ont soulevé l'indignation du monde entier. Au point de des voix autorisées de personnalités et autres organisations internationales militant pour les Droits de l'Homme, ont commencé à exiger haut et fort, une enquête internationale indépendante, pour faits de Crimes de Guerre contre les responsables de tels massacres.
 
Cette dernière tragédie a suscité une immense émotion dans une opinion internationale effrayée par l'ampleur et la sauvagerie des massacres. Un peu partout dans le monde, des voix de personnalités, et pas des moindres, se sont élevées pour exiger une enquête indépendante et l'instauration d'un Tribunal Pénal International ad-hoc, pour juger les coupables de ces Crimes de guerre, dûment documentés, sur la foi de témoignages irréfragables enregistrés par de nombreuses associations nationales indépendantes et ONG internationales.
 
Elle a aussi constitué – cette dernière tragédie –  un tournant décisif dans le cours des choses, en ce sens que les généraux putschistes, pris de panique à l'idée de devoir rendre des comptes par devant un Tribunal Pénal International ad-hoc, ont cru pouvoir échapper aux poursuites pénales en concluant avec M. Bouteflika le deal immoral et mafieux cité plus haut et aux termes duquel, moyennant sa désignation reconductible à la tête de l'Etat algérien, celui-ci s'engageait à les amnistier au plan intérieur et à les protéger, au plan extérieur, contre toute poursuite judiciaire devant un Tribunal Pénal International ad-hoc, pour les Crimes Imprescriptibles commis durant la décennie noire. Un véritable marché de dupes, quand on sait que, d'une part, les Crimes de Guerre sont Imprescriptibles  et que d'autre part, en prenant part à ce deal mafieux, M. Bouteflika relève lui-même, aux yeux du Droit pénal, du chef d'accusation de complicité et d'entrave à la Justice, a fortiori, à la Justice internationale en matière de Crimes de Guerre !. Mais qu'importe, ce deal immoral a permis à M. Bouteflika, malgré son état de sénescence avancée et ses lourds handicaps de santé –  connus même par les médecins du Val de Grâce… – de tenir la dragée haute aux généraux qui l'ont fait roi, en les menaçant, chaque fois que l'un des membres de son clan familial ou politique était dénoncé pour corruption, de ressortir les dossiers de Crimes de Guerre les concernant.
 
Ainsi donc, et comme si les malheurs de sang et de larmes de la décennie noire n'y suffisaient pas, l'arrivée au pouvoir de M. Bouteflika et de son clan, a fait entrer l'Algérie de plain-pied, dans une nouvelle décennie noire : celle de la grande corruption qui ravage quotidiennement notre pays qui a été mis en coupe réglée entre clans au pouvoir, par la prédation au grand jour des biens publics, par le bradage des ressources du pays aux intérêts étrangers, par les pillages en règle du patrimoine national et l'éclatement à intervalles réguliers, d'énormes scandales financiers et de détournements hors échelle, à coups de milliards de dollars au préjudice du peuple algérien, à la faveur du relèvement substantiel des recettes pétrolières et d'une aisance financière sans précédent, dont les surplus en devises étrangères dépassent largement aujourd'hui, le seuil de 220 milliards de dollars, gérés sous la seule responsabilité de M. Bouteflika et son clan, dans l'opacité la plus totale sans qu'aucune Institution nationale ou Autorité publique de contrôle n'en connaissent ni les adresses financières, ni la structure fiduciaire,  ni les mouvements scripturaux, ni l'emploi, ni les profits générés. Ce qui constitue en soi, un cas de forfaiture gravissime, justifiant largement la mise en accusation publique du Chef de l'Etat lui-même, de son Gouvernement et du Gouverneur de la Banque d'Algérie.
Un Chef de l'Etat corrupteur qui achète tout,  y compris la paix sociale en dilapidant des sommes énormes dans une consommation effrénée n'ayant aucun impact économique intérieur mais profitant largement à la faune adventice d'une clientèle politique de parvenus, faite de compradores, de concessionnaires et autres nouveaux riches ; au grand dam de millions de familles démunies dont certaines en sont réduites à aller fouiller les décharges publiques. Un Chef d'Etat corrupteur, devenu maître dans la pratique exécrable et immorale des enveloppes et des "mallettes", généreusement distribuées sur fonds publics, pour acheter les servilités politiques à l'intérieur ou les silences et les complaisances des puissants à l'extérieur. Pour acheter aussi, le silence ou la complaisance de certains médias bien en vue, à l'exemple du "Monde" et autres "Nouvelobs", pas très regardants sur le chapitre de la déontologie professionnelle, qui ont récemment rewrité de vulgaires pages publicitaires à l'occasion du Cinquantenaire de l'Indépendance – probablement rédigées à Alger même – et  payées rubis sur l'ongle par le clan Bouteflika à coup de centaines de milliers d'Euros, pour les transmuter en "reportages" journalistiques élogieux à la gloire d'un Chef d'Etat surréel, visiblement accroché par le syndrome de certains Ubus africains des années 70 de triste mémoire et caressant probablement des rêves impériaux et peut-être même, dynastiques…
 
En finir avec la "Françalgérie" néocoloniale.
 
Monsieur le Président,
 
La tragédie humaine qu'a vécue l'Algérie durant les années 90,  n'a nullement empêché les gouvernements français successifs de protéger leurs anciens soudards coloniaux, promus généraux en Algérie, en fermant les yeux sur les pires de leurs exactions, de leurs crimes,  relevant quasiment tous, de la qualification de Crimes de guerre, c’est-à-dire du ressort d'un TPI ad-hoc. Pis encore, ces gouvernements français successifs ont parfois commis de véritables actes de forfaiture, relevant du délit d'entrave à la Justice, comme ce fut le cas pour le général Khaled Nezzar, chef de la junte, aujourd'hui sous le coup d'une instruction judiciaire en Suisse, du chef d'accusations graves et documentées, pour fait de Crimes de Guerre… alors qu'en Avril 2001, ce même général – sur les instances pressantes de M. Bouteflika –  avait été scandaleusement soustrait à la Justice française et exfiltré sur l'Algérie par le gouvernement socialiste de cohabitation, alors dirigé par votre ami M. Jospin, qui a ainsi déshonoré la signature de la France, pays qui a ratifié la Convention de New York de 1984 contre la torture.  
Ce qui laisse planer de graves interrogations, sur la nature réelle des relations entre Paris et le régime en place à Alger depuis le putsch de Janvier 1992.
 
 
Monsieur le Président,
 
Pardonnez-moi d'emprunter ici, l'heureuse et pertinente formule de la "Françalgérie", pour dénoncer une fois de plus, la collaboration extra-institutionnelle et contre-nature, inacceptable, entre les barbouzeries respectives des Services algériens et français, de la police politique et du renseignement, au nom du sempiternel et ô combien commode alibi, qu'est devenue la "guerre contre le terrorisme" – ce nouveau monstre du Look Ness – qui continue de couvrir tant d'exactions et tant crimes. L'expression de "guerre contre le terrorisme", cachant mal un encodage occidental sournois, pour désigner une véritable Croisade contre l'Islam, doublée d'un redéploiement néocolonial avançant à visage découvert en appuyant inconditionnellement les régimes totalitaires  et corrompus dans nos régions, 
Une collaboration qui s'est singulièrement développée entre l'Algérie et la France, depuis le putsch de Janvier 1992, en-dehors du moindre contrôle, laissant de larges marges à l'arbitraire, à la manipulation et aux mensonges d'Etat, souvent nourris il est vrai – chaque fois qu'il s'agit de stigmatiser notre émigration ou l'Islam et les musulmans – par les propos irresponsables et incendiaires de vos propres ministres français de l'Intérieur, de Pasqua à Vals, en passant par les Sarkozy et autres Guéant, l'un y allant de son "Karcher" l'autre, portant des jugements d'ignare sur la Civilisation musulmane, quand l'autre crie désespérément sa fidélité éternelle – et quasi canine – à Israël sans que personne ne le lui ait demandé… Allez donc savoir là-dedans, qui est de gauche et qui est de droite… tant est devenue consensuelle et "politiquement correcte", la posture islamophobe en France.
Une collaboration qui est allée jusqu'à susciter de graves soupçons contre les Services algériens et français, portant sur l'organisation en commun, de criminelles manipulations de l'opinion publique, ainsi qu'en témoigne par exemple, la ténébreuse affaire de l'attentat terroriste de Juillet 1995, dit de la station Saint-Michel du RER à Paris, sur les circonstances duquel, aucune enquête publique parlementaire ou indépendante n'a été diligentée par les autorités françaises, pour confirmer ou démentir les graves accusations mettant en cause une manipulation criminelle organisée de concert, entre Services algériens et français, pour faire basculer l'opinion du peuple français contre les islamistes algériens établis en France ou qui y avaient trouvé refuge, afin d'échapper à la répression des milices et autres commandos, commandités par les généraux putschistes.
Sans oublier l'affaire dite des internés de Folembray où l'on vit, le 9 Novembre 1993, une opération "coup-de-poing-manipulation-spectacle" montée en coordination entre les Services algériens et les barbouzes du sulfureux Pasqua. Des policiers déboulant au petit matin et procédant brutalement aux arrestations dans leurs domiciles, devant parents, épouses et enfants, de dizaines d'algériens suspects de sympathies islamistes pour les transférer manu-militari dans une caserne de Folembray : une véritable forfaiture d'Etat, contre des algériens dont certaines résidaient depuis de longues années en France et y exerçaient régulièrement leur métier. A l'exemple de l'avocat, Me Ahmed Simozrag et de ses compagnons. d'exil, qui ont ensuite été arbitrairement exilés sans jugement et sans ressources au Burkina Faso où – faute de porter des patronymes sonnant comme Gilad Shalit –  ils continuent de moisir  depuis Août 1994, c’est-à-dire depuis 18 ans aujourd'hui, pour simple délit d'opinion islamiste, dans une indifférence criminelle totale des médias algériens et français, si prompts à larmoyer par ailleurs, sur le drame des chiens-perdus-sans-collier…  
Ce qui conduit à poser d'une manière globale, le drame humain de dizaines de milliers de familles algériennes, séparées du jour au lendemain d'un des leurs, en particulier parmi les universitaires, scientifiques et autres intellectuels, qui ont choisi l'exil forcé à leur corps défendant, pour échapper à la répression des polices politiques et/ou aux persécutions procédurières et tatillonnes de l'Administration publique, en raison de leurs opinions – pas nécessairement de sensibilité islamiste – hostiles au régime corrompu des généraux et de leurs servants civils et militaires. Ce drame est encore vécu à ce jour, par des milliers de familles, malgré l'imposture dite de la "Charte pour la paix et la réconciliation nationale" et de ses textes d'application scélérats qui prétendent interdire tout débat national sur la tragédie de la décennie noire, en exigeant par ailleurs, des exilés politiques désireux de rentrer au pays, un engagement écrit, à respecter des conditions dégradantes et indignes, restreignant leur liberté citoyenne, comme le fait de renoncer à faire de la politique. Ceci dans le but ignoble et criminel, de maintenir éloignés de leur patrie, des centaines, sinon des milliers de scientifiques et chercheurs de haut standing, dont beaucoup jouissent d'une réputation internationale, maintenant ainsi, une grande nation pleine de potentialités comme l'Algérie, sous la férule d'une dictature répressive de gérontes délabrés et corrompus, qui ont perdu tout sens du réel et toute légitimité. Y compris cette légitimité "historique" dont ils se gargarisent tant, mais dont ils ont trahi la cause et les principes moraux.
 
Je n'aurais pas l'inélégance ici, d'oublier de citer les victimes françaises de la décennie noire en m'interrogeant sur la signification de ce black-out officiel observé par les deux gouvernements, sur l'odieuse affaire de l'assassinat des moines de Tibhirine en 1996, qualifié laconiquement, de "bavure" par les uns ou de "coup fourré" entre Services parallèles par les autres…Tout cela, dans l'opacité et surtout, l'impunité la plus totale, de part et d'autre.
 
 
Repentance et Traité d'amitié vont de pair
 
Monsieur le Président,
 
Le gouvernement de la France ne pourra pas se dérober indéfiniment à son devoir de solder sa dette morale historique et donc imprescriptible, d'une repentance solennelle à l'égard du peuple algérien qui en est l'ayant-droit légitime et le récipiendaire exclusif. Une repentance  dont ne sauraient l'y subroger aucunes personnes physiques, ni aucunes instances ou institutions, qui parleraient illégitimement en son nom. En termes plus clairs, ni le Chef de l'Etat actuel, ni la junte clandestine des généraux putschistes, installés au pouvoir par la violence et la fraude, ne sont qualifiés pour en revendiquer le mérite ou en retirer de quelconques dividendes politiques.
Cette reconnaissance historique est en effet incontournable qui seule, pourrait lever les obstacles socio psychologiques accumulés tout au long de l'Histoire coloniale – et même récente… et constituera un nouveau fondement juridique et moral, véritable socle auquel pourront solidement s'arrimer, les futures relations entre nos deux pays, entre nos deux peuples, fondées sur des rapports d'égal à égal, dans le strict respect réciproque de la personnalité de chacune de nos deux nations et des intérêts mutuels bien compris entre nos deux pays, loin des discours de circonstance et de l'insignifiance des gesticulations deçà-delà, des saltimbanques de la politique, ceux de Paris comme ceux d'Alger. Des relations saines et apaisées donc, d'où seront bannies les dérives des collaborations opaques, des copinages scélérats et autres magouilles  extra-institutionnelles entre Services, relevant censément de deux Etats souverains, mais qui s'autorisent en l'absence de tout contrôle politique, à faire bon marché de la légalité, de la morale, des Libertés publiques et des Droits de l'Homme.
Ce qui pose immanquablement la question de l'illégitimité du pouvoir algérien aujourd'hui en place, contre la volonté souveraine d'un peuple qui ne l'a pas désigné pour le représenter.
            C'est vous dire combien, Monsieur le Président, à l'aune de ces nécessaires  préalables d'assainissement politique et moral, indispensables à la refonte des relations entre nos deux pays, entre nos deux peuples, des dossiers comme le "Grand traité d'amitié" que vous avez vous-même récemment évoqué, ou encore celui dit de l'Union pour la Méditerranée, font figure – pardonnez ma franchise – d'aimables gadgets politiciens, manifestement destinés à tromper son monde en escamotant la seule vraie problématique qui vaille qu'on s'y attelle honnêtement et loyalement en priorité : la moralisation et la normalisation des relations politiques et diplomatiques entre nos deux Etats : Une France qui n'aura pas à rougir d'une déclaration solennelle reconnaissant les crimes de la colonisation et ceux de la guerre d'Algérie, le sang des algériens n'étant en rien moins précieux que celui des juifs ou de toute autre communauté humaine martyrisée Une Algérie debout, souveraine et maîtresse de son destin, gouvernée par d'authentiques représentants du pays, tenant leur légitimité du seul peuple algérien.
           
Conclusion 
 
Monsieur le président,
 
Je ne conclurai pas cette interpellation, sans vous dire toutes les préoccupations et toutes les interrogations qui pèsent sur le peuple algérien à propos de la situation confuse et opaque qui règne au Nord du Mali ; à nos frontières Sud donc, où la seule éventualité d'une présence armée de la France ou de l'Otan, suscite de profondes inquiétudes dans la mesure où il ne se trouvera pas un seul citoyen algérien digne de ce nom, à qui l'on fera accroire que le déploiement de ces forces armées étrangères signifie autre chose qu'une menace imminente et concrète contre la sécurité de notre pays et la pleine souveraineté de notre peuple sur ses territoires et sur ses ressources naturelles ; une souveraineté reconquise sur le colonialisme, au prix d'un des plus grands tributs humains que l'Histoire des guerres d'indépendances ait jamais connus et que ce peuple est prêt à rééditer, par fidélité envers ses aïeux ; par loyauté envers les centaines de milliers de martyrs de la lutte anticoloniale et de la guerre de libération ; par obéissance aux commandements de l'Islam, sacralisant la défense de la patrie.
 
Car, par-delà les terribles blessures qu'a endurées et continue encore d'endurer le peuple algérien, du fait de la décennie de sang découlant du Coup d'Etat criminel du 11 Janvier 1992, perpétré par une poignée de généraux putschistes contre la volonté souveraine de ce même peuple, rares sont ceux parmi les citoyens de ce pays qui commettent la grossière erreur de confondre l'Institution militaire de notre pays qu'est l'Armée Nationale Populaire, et les généraux putschistes qui auront à répondre de leurs actes.
 
Ceci pour vous dire qu'il ne se trouvera pas un seul citoyen algérien digne de ce nom, pour penser que notre armée, héritière d'une Armée de Libération Nationale qui a laissé son empreinte dans l'Histoire de la décolonisation, puisse se transmuter en une espèce d'armée de mercenaires auxiliaire de l'Otan, en charge de contribuer aux desseins impérialistes manifestes des puissances occidentales. Et je me demande même, si les hommes du régime en place eux-mêmes oseraient le penser.

-------------------- Signé : Abdelkader DEHBI.-

La langue kabyle a sa place à la Faculté des lettres de Mulhouse | Tamurt.info - Votre lien avec la Kabylie


La diversité linguistique est de mise. Chacun des membres se doit de lire ou réciter un ou plusieurs poèmes dans sa langue maternelle. C’est un véritable tour du monde linguistique ou tous les parlers se côtoient.Le poème est par excellence l’image d’une culture et permet de faire ressortir sa quintessence. La culture kabyle de nature orale est bien représentée à travers la poésie.
20/12/2012 - 22:28 mis a jour le 20/12/2012 - 22:52 par Louisa D.
L’association de culture berbère 68 ne manque pas une occasion de faire rayonner la langue kabyle. Membre du club de poésie de la faculté des lettres de Mulhouse depuis trois années, elle participe régulièrement aux lectures de poèmes qui ont lieu mensuellement.
La diversité linguistique est de mise. Chacun des membres se doit de lire ou réciter un ou plusieurs poèmes dans sa langue maternelle. C’est un véritable tour du monde linguistique ou tous les parlers se côtoient.
Le poème est par excellence l’image d’une culture et permet de faire ressortir sa quintessence. La culture kabyle de nature orale est bien représentée à travers la poésie.
L’ACB 68 puise ses lectures dans les divers ouvrages tels que les recueils de poèmes anciens de Mouloud Mammeri, de Malek Ouary qui sont de véritables trésors de sauvegarde du patrimoine culturel kabyle. Plus actuels les poèmes de Ben Mohamed chantés par Idir ou ceux du célèbre poète Lounis Aït Menguellet sont aussi lus et traduits.
Merci à l’initiateur de ce club de poésie, Yann Kerdilès, doyen de la faculté des lettres et amoureux des langues du monde.
INFO :
Cours de langue kabyle à l’Université Populaire de Mulhouse à partir de Janvier 2013. Deux niveaux d’enseignement seront proposés : débutants et continuants. Inscriptions : Tél : 03 89 46 48 48 contact@universitepopulaire.fr
PROCHAINES RENCONTRES :
- Célébration de Yennayer : dimanche 20 janvier 2013 15h à Mulhouse avec Malik Belili en concert au PAX. 03 89 52 34 04
- Soirée diapos/débat : -Les Berbères : au delà des montagnes, des Hommes éclairage sur une histoire plusieurs fois millénaire, mal connue. -La Kabylie : entre mer et montagne, voyage en diapos au cœur d’une région berbère Centre culturel Bel Air Mulhouse, jeudi 14 février 2013 20h Contact ACB 68 : acbmulhouse@aol.com03 89 43 57 71
Louisa D
Association de Culture Berbere Mulhouse

Nouvelle répression contre les militants du MAK à At Wagenun


Nouvelle répression contre les militants du MAK à At Wagenun

20/12/2012 - 21:32

TIQUVΣIN (SIWEL) — Les militants du mouvement pour l'autonomie de la Kabylie subissent répression sur répression. Après l'interdiction puis la répression du rassemblement du mouvement autonomiste kabyle à Tizi-Ouzou, c'est au tour de la coordination d'At wagenun qui organise un meeting populaire à Tiquvзin d'être inquiétée par les forces algériennes de répression. Les Citoyens du chef lieu de Tiquvзin sont immédiatement venus au secours des militants encerclés par la police qui a du quitter les lieux sans pouvoir embarquer personne.


Police algérienne à l'oeuvre.PH/DR
Police algérienne à l'oeuvre.PH/DR
Les militants de la Coordination MAK d'At Wagenun ont subi aujourd'hui les assauts de la police algérienne .Ils étaient en train d'afficher l'appel au meeting du MAK prévu le 27 décembre à 16h dans le chef lieu de Tiquv3in quand la police les a encerclés. Les militant autonomistes ont faillit être embarqués pour défaut d'autorisation d'affichage dans leur propre localité. 

Fort heureusement, la nouvelle ayant rapidement fait le tour de la localité, c'est en masse que les citoyens de Tiquvзin se sont regroupé autour des militants du MAK, encerclant à leur tour le cordon de policiers venus les embarquer. Venus au secours des militants du MAK, ils ont exigé des policier de quitter immédiatement les lieux en leur assurant que le meeting du MAK allait avoir lieu dans leur village sans le consentement des autorité d'Alger. 

La direction du MAK, contactée par SIWEL a condamné cette énième répression contre ses militants et a tenu à remercier chaleureusement la population de Tiquv3in qui a fait preuve d'un patriotisme kabyle exemplaire digne du "nif kabyle". 
La direction du MAK appelle par ailleurs les citoyens Kabyles à la vigilance face aux multiple provocations du régime raciste d'Alger. 

zp, 
SIWEL 202132 DEC 12 

La Coordination MAK d'At Wagenun organise un meeting populaire le 27 décembre à 16h à Tiquvзin pour: 

• Dénoncer la politique d’arabisation du pouvoir raciste en Kabylie. 
• Exiger le droit du peuple kabyle à son autodétermination. 
• Soutenir nos frères Amazighs de L’AZAWAD. 

l'Appel de la coordination d'At wagenun en PDF 

France-Algérie : La Kabylie au cœur de l’éternel malentendu


France-Algérie : La Kabylie au cœur de l’éternel malentendu

20/12/2012 - 15:25

PARIS (SIWEL) — « En tant que Kabyles, nous regardons amusés la patrie des droits de l’homme, cette ancienne " fille ainée de l’Église ", toujours nostalgique d’orientalisme, incapable de comprendre que la créature qu’elle a engendrée, soit si dévorée par la passion islamiste et la haine de sa génitrice. En attendant, M. Manuel Valls, M. Laurent Fabius et, aujourd’hui M. François Hollande peuvent toujours se rendre à Alger où les doléances qu’on leur présente sont généralement aux antipodes des valeurs de la France. » conclue le président du Gouvernement provisoire kabyle, Ferhat Mehenni dans l’opinion que nous publions ci-après.


Ferhat Mehenni, président du Gouvernement provisoire Kabyle (Anavad).PH/DR
Ferhat Mehenni, président du Gouvernement provisoire Kabyle (Anavad).PH/DR
Opinion 

Par Ferhat Mehenni* 

France-Algérie 
La Kabylie au cœur de l’éternel malentendu 

Les relations franco-algériennes peuvent-elles, un jour, se normaliser ? On peut toujours en rêver. Près de 50 ans après la décolonisation, la défiance entre Alger et Paris reste telle que la photo de famille trône toujours, côté algérien, sur le bureau des rancœurs et côté français sur celui de l’incompréhension et du malentendu. On se souvient que pour M. Kouchner, exaspéré, il y a lieu de faire le deuil de cette possibilité, au moins jusqu’à la fin de la génération de la guerre d’Algérie. Le ministre algérien des Affaires étrangères, M. Medelci, interviewé le 25/10/2010 sur la télévision satellitaire « Canal Algérie »a préféré de son côté incriminer les « erreurs de parcours » de la France. 

Les tensions entre les deux pays sont quasi permanentes. Au-delà des atrocités de la guerre d’indépendance (1954-1962) la menace de criminaliser le passé colonial français par le pouvoir d’Alger met à vif les nerfs de la diplomatie française depuis des décennies. De l’autre côté, Alger ne supporte pas deux éléments de la culture politique française : 1) l’indépendance de la justice française qui a permis, en 2008, de mettre sous contrôle judiciaire un diplomate algérien dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat à Paris en avril 1987 de Me Ali Mecili. 2) la liberté citoyenne dont jouissent les opposants kabyles à Paris où ils ont pu mettre sur pied, le 1er juin 2010, leur Gouvernement provisoire, l’Anavad. 

Depuis la consolidation du régime militaire par le coup d’État de Boumediene en 1965, les relations franco-algériennes n’ont cessé de s’envenimer. Du refus d’entrée du vin algérien sur le territoire français en 1968, à la nationalisation, en février 1971, des hydrocarbures exploitées par des compagnies françaises en Algérie, du déclassement de la langue française dans l’enseignement algérien à la condamnation par la France de l’arrêt du processus électoral par les militaires algériens en janvier 1992, l’implication des militaires algériens dans l’assassinat des moines de Tibehirine (1995), chaque année a connu ses poussées de fièvre entre les deux pays. Cet état de fait a donc une permanence qu’il serait illogique d’attribuer au hasard ou aux caprices de quelques personnes momentanément investies de charges nationales. Les positions respectives, structurées par l’histoire, sont pour partie culturelles et, pour une autre, politiques. 

Certes, au commencement, il y avait la colonisation. La conquête d’Alger en juillet 1830 avait été vécue côté français comme celle du pays de cocagne, du pays des « Mille et une nuits ». Les élites françaises développaient un orientalisme débridé que sublimaient les récits de voyage et les tableaux de peinture, tels ceux de Delacroix. La France du XIXe Siècle croyait sa victoire militaire de nature à lui assurer la régence d’un « royaume arabe ». La reddition de l’Émir Abdelkader en 1848 renforça l’illusion d’une victoire définitive permettant d’y établir pour l’éternité un DOM-TOM français. C’est la conquête de la Kabylie, à partir de 1857, soit près de 27 ans après le débarquement français à Sidi Ferruch, qui va donner des insomnies au gouverneur d’Alger et à Napoléon III. Malgré leur défaite à la bataille d’Icherriden, les Kabyles se réorganisèrent et s’insurgèrent massivement en 1871 et faillirent emporter l’ordre colonial dans leur élan. C’est l’intégration de la Kabylie dans l’Algérie française, à partir de là, qui sera à l’origine de la guerre de décolonisation. L’épisode de 1871 fut un tel point de rupture entre les Kabyles et le régime colonial que les deux parties se traitaient en ennemis jusqu’à l’indépendance de l’Algérie. La colonisation, à tort, n’a jamais cherché à s’allier aux Kabyles qui, chaque jour, ruminaient leur revanche, selon la formule prêtée à Léon Gambetta : « y penser toujours, n’en parler jamais ! ». 

En concevant l’Algérie comme une colonie de peuplement, la France en a élargi le territoire au point d’y inclure de nombreux peuples, particulièrement les Kabyles. Cette diversité identitaire avait aussi pour objectif de ne pas permettre d’union entre les indigènes contre les colons. Les gouvernants de l’époque ne savaient pas que la condition de colonisé suffisait à elle seule pour liguer les autochtones contre un ordre colonial inique. On croyait que le tribalisme et les querelles « ethniques » étaient de solides garanties pour l’ordre établi. On sait aujourd’hui qu’il n’en était rien. 

L’alliance des indigènes contre le colonialisme a eu raison de la colonisation. Ce que l’on ignorait et que l’on continue de ne pas voir c’est que cette alliance n’était que conjoncturelle. À l’indépendance, la lutte pour le pouvoir entre les ex-alliés est sans merci. Héritant d’un pays commun légué par la colonisation, le premier à s’en emparer s’échina coûte que coûte à le garder entier pour en profiter au maximum. Pour cela, il n’y avait pas d’autre choix que la dictature. 

L’angle mort du champ de vision aussi bien de la France que de tous les anciens pays colonisateurs cachait l’inexistence de nation dans beaucoup de pays créés par la colonisation. Il n’y avait pas d’Algérie en 1830, il n’y a pas de nation algérienne aujourd’hui. Il y a une mosaïque de nations opprimées par un seul et même État. Les troubles qui s’y déroulent, les luttes de clans au sommet de l’État, les diverses décisions politiques qui se prennent, les mascarades électorales ont bien souvent pour soubassement des considérations identitaires, voire nationalitaires. 

Les tentatives de réchauffement des relations diplomatiques entre l’Algérie et la France sont, par conséquent, toujours vouées à l’échec. A la demande française d’un minimum de respect de la démocratie et des droits de l’homme, réplique celle d’un renoncement de la France à ses valeurs et à sa laïcité. Quand bien même elle le souhaiterait, l’Algérie est prisonnière de sa base sociale qu’elle nourrit depuis bientôt 50 ans à l’arabo-islamisme et à la haine de la France. Ce dialogue de sourds est celui des couples qui ne regardent plus dans la même direction. L’Algérie se saisit de n’importe quel motif de discorde pour faire payer à la France de lui avoir légué la question Kabyle. 

La lutte quotidienne des Kabyles pour leur survie et leur dignité est celle qui marque au fer rouge, depuis 1962, l’histoire de l’Algérie. Elle ne peut qu’aboutir dès lors qu’au partage du pouvoir se refusent les tenants du régime, de crainte de perdre les leviers de commande. L’idée d’une autodétermination que porte la Kabylie est devenue l’aspiration profonde de son peuple. 

Alors, la meilleure manière de contrer les Kabyles dans leur quête politique de liberté, de laïcité et de respect des droits humains, est de les lyncher médiatiquement de manière permanente, de nourrir la haine contre eux et contre tout ce qui leur est associé : la France, l’Occident, les Juifs et la chrétienté. De ce point de vue, le combat kabyle est aussi celui du monde libre. Les dernières sorties de deux ministres algériens (intérieur et Islam) illustrent avec une pointe de racisme intolérable, l’exaspération d’un pouvoir devant un peuple qui lui tourne définitivement le dos. Le premier accuse la Kabylie de faire le lit d’Al Qaeda, le second, au contraire, de s’évangéliser. Comme si les évangélistes étaient des islamistes et inversement. Ils participent ainsi, chacun à sa façon, à une montée aux extrêmes entre la Kabylie et l’ordre en place. 

La France qui avait méprisé la diversité identitaire des Algériens pendant la colonisation ne peut appréhender, de nos jours, la véritable nature du gouvernement algérien qui la contre depuis le 19 mars 1962. Si, depuis bientôt un demi-siècle, les relations franco-algériennes n’ont pas pu être empreintes d’un minimum de sérénité, il y a lieu de parier que cela ne changera pas de sitôt. 

En tant que Kabyles, nous regardons amusés la patrie des droits de l’homme, cette ancienne « fille ainée de l’Église », toujours nostalgique d’orientalisme, incapable de comprendre que la créature qu’elle a engendrée, soit si dévorée par la passion islamiste et la haine de sa génitrice. En attendant, M. Manuel Valls, M. Laurent Fabius et, aujourd’hui M. François Hollande peuvent toujours se rendre à Alger où les doléances qu’on leur présente sont généralement aux antipodes des valeurs de la France. 

Ferhat Mehenni 
Président du Gouvernement provisoire kabyle, Anavad 

Auteur de 
« Algérie, la question kabyle » aux Éditions Michalon (2004) et , 
« Le siècle identitaire » novembre 2010 chez Michalon Editions 

Document : Le discours du président français devant le Parlement algérien | DNA - Dernières nouvelles d'Algérie


Document : Le discours du président français devant le Parlement algérien

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Le président français François Hollande, dont la visite de deux jours en Algérie s’est achevée dans la soirée, a prononcé jeudi matin un discours devant le Parlement algérien. Dans ce discours très attendu, le chef de l’Etat français qui a refusé de faire acte de repentance ou d’excuses a reconnu officiellement que la colonisation française en Algérie a été un système profondément injuste et brutal. Le texte intégral de son discours.

Monsieur le Président du Conseil de la Nation,
Monsieur le Président de l’Assemblée populaire nationale,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs les Parlementaires.
Vous me faites grand honneur en me recevant ici, en m’accueillant, comme le peuple algérien l’a fait hier. Je mesure l’importance de l’événement, mais aussi la grandeur de l’enjeu ouvrir un nouvel âge dans la relation entre la France et l’Algérie. Ma visite vient dans un moment chargé de sens et de symboles, il y a cinquante ans, l’Algérie accédait à l’indépendance, elle s’arrachait à la France, après une guerre longue de huit ans.
Elle devenait la République algérienne libre et souveraine. Elle conquérait ce droit, ce droit inaliénable, ce droit de pouvoir disposer pour un peuple de lui-même. Cinquante ans, c’est court à l’échelle de l’histoire, et pourtant, quel chemin a été parcouru par l’Algérie depuis 1962. L’Algérie est aujourd’hui un pays respecté sur la scène internationale, qui compte, qui pèse, l’Algérie est un pays dynamique, dont les ressources sont considérables, dont l’économie est en développement, et je mesure ces étapes chaque fois que je viens en Algérie, depuis 1978, lorsque jeune fonctionnaire français, j’étais pour huit mois à l’ambassade de France à Alger.
L’Algérie est un pays jeune, dont la moitié de la population a moins de 26 ans, et donc plein de promesses, l’Algérie est un pays courageux, il l’a prouvé dans son histoire, il l’a prouvé encore plus récemment face à l’épreuve terroriste qu’il a traversée – ce pays – avec dignité et unité. A cette Algérie, fière de son passé, consciente de ses forces, la France, à travers moi, adresse des vœux de prospérité et de réussite.
Mais la question qui est posée à nos deux pays, l’Algérie et la France, elle est simple, elle est grave : sommes-nous capables d’écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire ? Je le crois. Je le souhaite. Je le veux. Nous ne partons pas d’ailleurs de rien, puisque nous pouvons nous appuyer sur les liens humains que vous avez rappelés, Monsieur le Président, linguistiques, je parle une langue, le français, que vous connaissez et que vous parlez, des liens économiques, qui unissent aussi nos deux pays.
 Mais cette amitié, pour vivre, pour se développer, elle doit s’appuyer sur un socle, ce socle, c’est la vérité. Cette vérité, nous la devons à tous ceux qui par leur histoire, par leur histoire douloureuse, blessés, veulent ouvrir une nouvelle page. Nous la devons à la jeunesse, à toutes les jeunesses, qui veulent avoir foi en leur avenir, et donc qui veulent savoir d’où elles viennent. Rien ne se construit dans la dissimulation, dans l’oubli, et encore moins dans le déni. La vérité, elle n’abîme pas, elle répare, la vérité, elle ne divise pas, elle rassemble.
Alors, l’histoire, même quand elle est tragique, même quand elle est douloureuse pour nos deux pays, elle doit être dite. Et la vérité je vais la dire ici, devant vous. Pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal, ce système a un nom, c’est la colonisation, et je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien. Parmi ces souffrances, il y a eu les massacres de Sétif, de Guelma, de Kherrata, qui, je sais, demeurent ancrés dans la conscience des Algériens, mais aussi des Français. Parce qu’à Sétif, le 8 mai 1945, le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles.
La vérité, elle doit être dite aussi sur les circonstances dans lesquelles l’Algérie s’est délivrée du système colonial, sur cette guerre qui, longtemps, n’a pas dit son nom en France, la guerre d’Algérie. Voilà, nous avons le respect de la mémoire, de toutes les mémoires. Nous avons ce devoir de vérité sur la violence, sur les injustices, sur les massacres, sur la torture. Connaître, établir la vérité, c’est une obligation, et elle lie les Algériens et les Français. Et c’est pourquoi il est nécessaire que les historiens aient accès aux archives, et qu’une coopération dans ce domaine puisse être engagée, poursuivie, et que progressivement, cette vérité puisse être connue de tous.
La paix des mémoires, à laquelle j’aspire, repose sur la connaissance et la divulgation de l’histoire. Mais la nôtre est aussi une histoire humaine, car au-delà des blessures, au-delà des deuils, demeure la relation exceptionnelle nouée entre les Français et les Algériens ; les Français d’Algérie, instituteurs, médecins, architectes, professeurs, artistes, commerçants, agriculteurs qui, avec le peuple algérien, avaient su nouer, dans des conditions difficiles, intolérables parfois, des relations tellement humaines.
Je me rendrai à Tlemcen, la ville de Messali HADJ, l’un des fondateurs du nationalisme algérien, qui évoque lui-même, dans ses mémoires, les Français d’Algérie, en rappelant l’amitié et la confiance, en évoquant ses relations simples, quotidiennes, naturelles dont le souvenir nous appartient. Je n’oublie pas non plus tous ces coopérants qui étaient venus après l’indépendance de l’Algérie, à la fois par conviction, et par souci de promotion du savoir et de la connaissance, et qui voulaient rendre service à la République, la jeune République algérienne.
Notre histoire, cette histoire, c’est aussi celle de grandes consciences françaises, qui ont su s’élever contre l’injustice de l’ordre colonial, Georges CLEMENCEAU, dès 1885, trouvât les mots pour dénoncer l’abus pur et simple de la force pour s’approprier l’homme et ses richesses. André MANDOUZE, moins connu, et pourtant, tellement militant, qui, toute sa vie, fut fidèle à ses valeurs dans la résistance, mais également dans la conscience de l’indépendance algérienne. Germaine TILLION, qui fut la militante inlassable du dialogue entre les hommes et les femmes, entre les peuples, l’écrivain François MAURIAC, qui sut rappeler dans les moments difficiles la véritable grandeur d’un peuple qui ne repose pas sur sa force brutale, mais sur la puissance de son message universel.
 Et puis, notre histoire, l’histoire de la France, c’est aussi Alger, qui fut la capitale dans les moments les plus sombres de la France libre, parce que c’est ici que s’était réfugié l’honneur de la France, à Alger, avec le Général De GAULLE à sa tête.
 Voilà tout ce qui nous rassemble, nous réunit et nous permet après avoir regardé l’histoire, le passé, de pouvoir construire l’avenir.  Je n’ai pas d’autres mots que ceux qu’employaient le président BOUTEFLIKA le 8 mai dernier à Sétif, qui appelait à une lecture objective de l’histoire loin des guerres de mémoires et des enjeux conjoncturels afin d’aider les deux parties à transcender les séquelles du passé et d’aller vers un avenir où puisse régner confiance, compréhension, respect mutuel, partenariat. Eh bien ces mots-là sont les miens encore aujourd'hui.
La proximité entre l’Algérie et la France n’est pas une incantation prononcée à chaque voyage d’un président de la République française en Algérie, la proximité dont je parle n’est pas une abstraction, n’est pas une construction elle est une réalité. Elle se fonde sur des liens intimes, profonds, uniques pour la France comme pour l’Algérie. Sur 900.000 Algériens qui résident à l’étrangers, 700.000 vivent en France et je ne peux pas compter tous ces Algériens venus à travers plusieurs générations donne leur force de travail pour permettre à la France d’être ce qu’elle est aujourd'hui.
Je pense aussi à ces jeunes Français nés de parents algériens qui sont pleinement Français, qui doivent être regardés toujours comme tels et qui en même temps sont en famille ici, chez vous en Algérie. Ces jeunes Français se sont engagés dans tous les domaines de l’économie, de la culture, du cinéma, de la littérature, du théâtre, du sport et même de la politique. Et nous avons attendu d’ailleurs trop longtemps ce moment, enfin les assemblées parlementaires françaises comptes désormais des élus d’origine algérienne.
Il y a aussi tous ces Français nés en Algérie et qui sont partis dans les conditions que chacun connait et avec le déchirement dont ils ne se sont pas remis mais qui portent toujours je vous l’assure, l’Algérie dans leur cœur. Je ne vais pas faire de comptabilité mais il y a des millions de mes concitoyens en France qui ont vis-à-vis de l’Algérie un fonds commun de références, de passion, d’émotions et qui loin d’affaiblir la France, renforce encore cette passion d’être ce qu’elle est aujourd'hui.
Voilà pourquoi nous sommes liés les uns aux autres mais la géographie aussi nous rapproche, la mer Méditerranée ne nous sépare pas elle nous unit mais elle nous confère aussi des responsabilités communes et exceptionnelles.
La Méditerranée c’est un espace politique, économique, diplomatique et nous avons le devoir de développer des projets qui bénéficient directement aux populations des deux rives. Je souhaite et je le dis devant vous, représentants du peuple algérien, je souhaite que la France et l’Algérie travaillent ensemble pour le projet méditerranéen.
De même que la France et l’Allemagne avaient été capables après une guerre tragique qui les avait opposé d’être les moteurs de la construction européenne eh bien l’Algérie et la France peuvent construire aussi l’union, l’unité méditerranéenne de demain.
Mais là aussi, non pas pour porter des projets chimériques mais des réalisations dans tous les domaines de l’énergie, des transports, de l’éducation, de la connaissance et du développement. Je parle d’éducation, de connaissance, de savoir, de recherche. La langue peut également nous servir de lien. L’Algérie chérit la langue arabe mais elle a su aussi se nourrir du français, se l’approprier comme un butin de guerre mais surtout, comme un instrument de connaissance, de diversité, de liberté.
Tant d’écrivains algériens ont apporté à la langue française leur génie, Kateb YACINE, Mohammed DIB, hier, Assiad DJEBAR, Anouar BENMALEK, Yasmina KHADRA, aujourd'hui et c’est Albert CAMUS, ce fils d’Alger dont nous célébrons l’an prochain l’anniversaire, le centième anniversaire de la naissance, qui a évoqué le premier cette communauté franco-arabe formée par tous les écrivains algériens dans l’égalité la plus parfaite. Merci à l’Algérie de donner aussi à la langue française sa diversité.
C’est fort de ces liens là, de cette responsabilité là qu’aujourd’hui à l’occasion de ma visite ici en Algérie, nos deux pays peuvent ouvrir une nouvelle page, un nouvel âge, à travers un partenariat stratégique d’égal à égal.
C’est ce que nous venons d’établir avec le président BOUTEFLIKA, une déclaration d’amitié ici à Alger et également un document qui scellera notre relation dans tant de domaines pour ce partenariat. Cinq ans, cinq ans d’actions communes si nous le voulons, si nous en décidons pour relever trois défis qui nous sont communs.
Le premier est économique, la France et l’Algérie doivent passer à la vitesse supérieure, doivent multiplier les échanges, les investissements, les réalisations communes. Oh nous connaissons les blocages, vous ici en Algérie, nous en France, nous savons les méfiances, les réticences mais nous savons aussi ce que nous pouvons faire ensemble.
Alors, faisons-le, dans le cadre de la transition énergétique, dans le cadre du partage des technologies, dans le cadre de la transition énergétique, dans le cadre du partage des technologies, dans le cadre de la formation des hommes et des femmes.
Nous pouvons partager nos savoir-faire, nos expériences, nos ressources, nous avons inventé parce que nous sommes la France, parce que vous êtes l’Algérie. Nous avons inventé de nouveaux modes de développement dans tous les domaines industriels, agricoles, et c’est pourquoi nous avons signé de nombreux accords de coopération ensemble à l’occasion de cette visite.
Je ne viens pas ici pour faire du commerce, je viens ici devant vous pour marquer un temps nouveau et en même temps 450 entreprises françaises, de grands groupes mais aussi des PME emploient directement 40.000 personnes, même 100.000 avec les emplois indirects en Algérie, nous pouvons faire davantage.
La France est le premier investisseur sur le territoire algérien, je m’en félicite mais nous pouvons faire encore mieux, elle est aussi son premier fournisseur, son troisième client, nous pouvons relever encore le niveau de nos échanges ; nous devons être prêts à aller plus loin et dans la délégation qui m’accompagne il y a toutes sortes de personnalités économiques, culturelles, scientifiques, artistiques, mais je veux que l’économie soit également au cœur de notre relation.
Hier RENAULT a signé un important accord en vue de produire dans votre pays une voiture destinée au marché local mais aussi régional, et j’allais dire même aussi international. Ce n’est pas une délocalisation, aucune entreprise française n’est venue s’installer au détriment de l’emploi français, c’est une entreprise RENAULT qui vient construire des véhicules pour qu’il y ait plus d’emplois en Algérie et plus d’emplois en France.
Voilà un bel accord que nous avons été capables de conclure sur le plan économique et il s’intégrera dans une déclaration de partenariat productif qui marquera cette idée de coproduction entre nos deux pays.
Le deuxième défi que nous avons à relever, en Algérie comme en France, c’est celui de la jeunesse, la formation, l’éducation, c’est une grande ambition de l’Algérie depuis l’indépendance, la formation, l’éducation c’est le grand message, c’est le rêve français depuis sa propre révolution.
Parce que nous avons tous conscience que la jeunesse n’est pas simplement un atout, une vitalité, c’est aussi une ressource que nous devons accompagner, encadrer, valoriser. Et dans tous les accords que nous avons passés entre l’Algérie et la France au cours de cette visite, ce sont des accords de formation et j’en ferai la démonstration à travers ce que nous allons faire pour des réseaux d’institut d’enseignement supérieur de technologie.
Quatre centres vont être crées qui, ensuite, serviront de référence pour être généralisés sur le territoire algérien, si vous en décidez. Ils aideront les jeunes à acquérir, dans un cycle court, les connaissances, les compétences qu’attendent les entreprises et permettront plus facilement de leur trouver du travail.
Notre partenariat, celui dont je parle, notre déclaration d’amitié doit s’adresser d’abord aux jeunes pour répondre concrètement à leurs attentes. Je pense aussi aux universitaires, à ces vingt-cinq mille Algériens qui étudient en France mais aussi à tous ceux qui s’intéressent en France à l’Algérie et qui veulent, là encore, nouer des relations à un niveau d’excellence, mais je veux que l’on accueille mieux et davantage les étudiants algériens.
C'est pourquoi je propose que puisse se construire une maison de l’Algérie à la cité internationale universitaire de Paris pour accueillir ces étudiants.
Nous pourrions nous dire qu’au niveau de la Méditerranée, nous pourrions faire ce qui a été réalisé au niveau de l’Europe, ces programmes d’échange universitaire, ce qu’on appelle ERASMUS. On trouvera un autre nom, d’un autre philosophe pour la Méditerranée mais c’est le même projet : permettre les échanges, la circulation.
J’ai parlé de circulation des personnes ; c’est le troisième défi que nous avons à régler. Près de deux cent mille Algériens reçoivent chaque année un visa dans nos consulats. Cette politique est indispensable, je la rappelle ici.
Nous devons, pour l’intérêt de l’Algérie et pour celui de la France, maîtriser les flux migratoires. Les jeunes que vous formez doivent trouver du travail ici, espérer faire leur vie ici, mais en même temps ils ont besoin aussi de circuler. Alors, nous ne devons pas faire de la demande d’un visa un parcours d’obstacle ou, pire encore, une humiliation. Au contraire ! Nous avons besoin que se poursuivent et même s’amplifient les allers-retours des étudiants, des entrepreneurs, des artistes, des familles. Bref, tout ce qui anime la relation entre la France et l’Algérie. Nous allons rester dans l’accord de 1968, mais nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour accueillir mieux les demandeurs de visa et pour que les documents soient délivrés plus vite par nos consulats. C'est une affaire de respect et d’intérêt mutuel. Dans le même temps, nous attendons de l’Algérie qu’elle ouvre plus largement ses portes aux Français qui souhaitent se rendre sur votre territoire, parce qu’ils y ont des souvenirs, des attaches familiales, affectives ou des projets professionnels ou personnels à réaliser.
Enfin, le dernier défi que nous avons à relever, il est pour la paix et la sécurité dans le monde.
Nous portons les mêmes principes au plan international : l’indépendance, la souveraineté, le respect des peuples.
Nous connaissons les mêmes menaces : le terrorisme, et vous, vous savez ce qu’est le terrorisme. Nous avons aussi les mêmes valeurs d’émancipation ; nous avons le même besoin de vivre dans un environnement de paix et de stabilité. Or, chacun le voit, le monde est en plein changements. Parfois ils vont dans le bon sens, parfois dans le pire. Mais il y a eu ces peuples qui se sont soulevés contre la dictature, des révolutions ont apporté l’espoir mais aussi, reconnaissons-le, soulevé des inquiétudes.
Chaque pays doit trouver sa propre voie et vous l’avez montrée. Il ne peut pas y avoir de réponse unique aux aspirations des citoyens, mais la leçon de ce qu’on a appelé le printemps arabe c’est que de toute manière, et partout dans le monde, les peuples entendent prendre en main leur destin.
Alors, le rôle de la France, celui de l’Algérie, c’est de les accompagner dans la voie de l’ouverture, de la démocratie, de la liberté. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne se discute pas, ne se marchande pas. Il en est ainsi du droit du peuple palestinien et, aux Nations Unies, l’Algérie et la France ont voté ensemble la résolution qui confère à la Palestine le statut d’État non-membre observateur.
Mais nous ne pouvons pas en rester là. Nous voyons les risques aussi d’un blocage, d’une fermeture, d’une violence.
Notre devoir, c’est de favoriser la négociation permettant la reconnaissance des deux Etats qui pourraient vivre en pleine sécurité, sûreté, respect, tout simplement en paix.
Enfin, il y a la crise du Sahel. Elle nous oblige aussi, et là-dessus je me félicite de voir que la France et l’Algérie partagent des principes communs. Nous devons affronter cette crise, mais nous devons laisser les Africains décider souverainement des opérations de soutien pour permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale.
Nous avons deux volontés qui ne se discutent pas. La première, c’est de favoriser la négociation politique, le dialogue pour que toutes les parties prenantes qui respectent l’unité du Mali, qui n’acceptent pas le terrorisme, puissent se retrouver ensemble avec des voix permettant aussi une certaine reconnaissance de la spécificité du nord-Mali.
Mais en même temps que nous poursuivons cet effort de négociation politique, nous devons montrer une détermination. Non pas la France, qui n’est plus dans ces interventions d’hier, mais la communauté internationale. Parce que si le conseil de sécurité en décide, et il en décidera, alors ce seront les Africains eux-mêmes qui voudront ou ne voudront pas – et je sais qu’ils le veulent – engager une opération pour l’intégrité du territoire malien.
Et je fais confiance à l’Algérie pour mener à sa place toutes les négociations, discussions politiques en plein accord avec la France.
Voilà tout ce que nous avons à faire, voilà ce qui nous rapproche, voilà ce qui nous unit, voilà ce qui peut pour de longues années – je n’ose pas dire cinquante ans – mais nous pouvons aussi penser que ce que nous pensons vaut bien plus que pour cinq ans. Parce qu’ici, ce n’est plus une question de personnes : c’est la France, c’est l’Algérie. Une déclaration d’amitié, je le disais, a été signée. C’est bien une déclaration, mais l’amitié ça se prouve. C’est un beau sentiment.
Elle se fonde sur trois exigences, celles que j’ai rappelées devant vous. La reconnaissance du passé dans le respect des mémoires, de toutes les mémoires. La seconde exigence, c’est la solidarité entre nos deux nations qui partagent tant de destins communs. Et enfin la troisième exigence, c’est de lever l’espérance. L’espérance pour la jeunesse, la jeunesse de l’Algérie, la jeunesse de la France, celle qui va demain décider du sort de nos deux nations.
C’est pour elle que nous formons cette déclaration d’amitié. C’est pour elle que nous engageons ce partenariat exceptionnel d’égal à égal. C’est pour elle, cette jeunesse de France, cette jeunesse d’Algérie, que je suis venu ici, en visite comme chef de l’État, comme président de la République, pour vous dire combien je crois à l’amitié entre la France et l’Algérie.
Merci.


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