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dimanche 24 juin 2012

À TOI MON FILS : Lettre à Améziane Méhenni | Kabyle.com


À TOI MON FILS : Lettre à Améziane Méhenni
sam, 2012-06-23 22:00 -- Tassadit Ould H...


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Perdre un enfant est dur, perdre son enfant est encore plus dur. Une douleur infernale , comme si on nous perçait  le coeur d'un couteau.   On n'oublie jamais. La plaie reste ouverte toute la vie et on se culpabilise : si...., si....   Réellement nul ne peut rien changer, tel est le destin.  Quand un enfant meurt suite à une maladie, on se trouve toujours des excuses....
Mais quand on enlève la vie à notre enfant, là c'est toute une autre histoire. Pourquoi ?  Pourquoi assassiner cet enfant à la fleur de l'âge (pour les parents l'âge de leurs enfants ne compte pas, ils ne vieilissent jamais, ils resteront toujours ces bébés, leurs bébés, même à l'âge adulte).  De quel droit un humain ou plutôt un "animal", ôte-t-il la vie à quelqu'un de cher ?  
À quoi rime tout ça ? Dieu n'a donné à personne l'autorisation de supprimer des vies qu'il a données. Dieu n'a autorisé personne à agir à sa place.
Ils ont osé frapper fort, en ôtant la vie à Améziane, ce jeune homme courageux qui a toujours soutenu son père et qui était "son ami". Ils ont ôsé endeuiller une famille et rendre inconsolable une mère.
Repose en paix Améziane.
Tassadit - Kabyle.com
8e COMMEMORATION DE L’ASSASSINAT D’AMEZIANE MEHENNI


MESSAGE DE FERHAT A SON FILS


Mon très cher fils,


Tu devineras ma voix à travers les accents de celui qui lira cette lettre au-dessus de ta tombe.  Hélas ! Pour un temps encore, ce n’est que par l’esprit que nous nous rencontrons. Physiquement, je suis exilé. Je viens, et je m’en excuse, avec trois jours de retard sur la date de ton assassinat, te dire combien tu nous manques et combien nous t’aimons. Mais aussi, pour te donner des nouvelles d’ici-bas.


Ta maman te chérit toujours par-dessus tout et dans le cœur de tes frères et sœurs tu es plus vivant que jamais. Tes petites nièces, qui n’ont pas encore 3 et 5 ans, sont déjà venues fleurir ta tombe à deux reprises.


Mon fils,


Ceux qui t’avaient assassiné avaient pour principal objectif de freiner la marche de la Kabylie vers la liberté. Ils ont échoué. Malgré la douleur et notre impossible deuil, tant que justice ne sera pas faite, je t’apprends que la nation kabyle se remet debout. Elle avance à grands pas, sûre d’elle et de ses droits. Elle n’est pas loin de son but, de son accession à la lumière.


Depuis ton assassinat le 19 juin 2004,  beaucoup de choses se sont passées. Je ne t’en donne que celles qui me paraissent les plus importantes.


 L’Etat algérien est en ruines. Bouteflika et ses Généraux sont la honte et la risée du monde entier.


 Un vent violent a soufflé sur les dictateurs arabes et en a emporté bon nombre d’entre eux. Kadhafi qui en est l’incarnation extrême est en enfer.


Les Touaregs du Mali ont libéré leur territoire, l’Azawad. Même si le pouvoir criminel d’Alger finance et arme une branche d’Al Qaeda pour les dérailler et les discréditer, le 1er Etat amazigh du monde vient de voir le jour. C’est de bon augure pour la Kabylie.


Nous avons mis sur pied, le 1er juin 2010, le Gouvernement Provisoire Kabyle, l’ANAVAD.


Ce dernier est en passe d’être reconnu par la communauté internationale. Il a été reçu aux États-Unis, au Canada, en Allemagne et dans divers pays européens.


Dernièrement, du 20 au 24 mai, nous étions en Israël où nous avons rencontré un peuple courageux.  Cela a soulevé un tollé chez tous les arabo-islamistes algériens qui ont réclamé que je sois déchu de ma nationalité algérienne. Une procédure serait en cours mais vouée à l’échec. Dans tous les cas, tu connais ton père, il ne renoncera jamais à l’objectif de redonner à la Kabylie les attributs d’un Etat qui lui font défaut depuis 1857.


Le MAK est devenu la 1ère force politique de la Kabylie. Il a évolué dans son programme, lors de son IIe Congrès tenu en décembre dernier, et pourrait s’appeler, avec son nouveau crédo, le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie.


La nature est telle que tu l’as laissée, mais ton absence rend le soleil et la neige, la brise et la verdure de la Kabylie un peu ternes. Tu leur manque aussi. Ils retrouveront leur meilleur éclat le jour où la Nation kabyle accèdera définitivement à la reconnaissance internationale.


A la prochaine fois mon fils.


Paris le 22 juin 2012


Ferhat Méhenni