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jeudi 2 août 2012

Imider : une mobilisation sans précédant... - TAMAZGHA le site berbériste



Un an après, rien n’a pu entammer la détermination des populations décidées à en découdre avec ceux qui exploitent leur Terre.
mercredi 1er août 2012
par Masin   
Au sommet du mont d’Aleban, à deux kilomètres d’Imider, une localité située à quelque 200 km au nord-est d’Ouarzazat, des habitants en colère organisent un sit-in depuis déjà une année. Ils protestent contre l’exploitation d’une mine d’argent sur leurs terres depuis 1969 par la Société métallurgique d’Imider (SMI), une filiale du groupe minier Managem géré par la Société nationale d’Investissement (SNI) appelée aussi "Maroc SA", une propriété du roi du Maroc. Si cette entreprise a généré en 2010 un chiffre d’affaires de 74 millions d’euros, ce qui la place parmi les plus importantes mines d’argent en Afrique, les habitants, eux, vivent à l’âge de pierre, dans l’indigence et la pauvreté. Ils n’ont ni routes, ni dispensaires, ni écoles, ni réseau Internet. L’hôpital le plus proche est situé à 200 km.


Pire encore. La surexploitation de la mine a provoqué la pollution de leur environnement immédiat au cyanure et au mercure, deux produits chimiques que la SMI utilise pour le traitement du minerai. C’est la faiblesse et l’interruption par la suite du débit d’eau dans les puits et dans les robinets des habitants qui ont enclenché le mouvement de colère. La baisse du débit en eau atteint plus de 60 %.


En réaction à ces injustices, les habitants commencent par manifester pacifiquement leur colère devant la mine, mais face au silence méprisant de l’entreprise, ils changent radicalement de méthode. Ils coupent l’alimentation en eau de la mine. Leurs revendications sont claires. Ils exigent de partager les profits matériels de la SMI. Ils revendiquent aussi que 75 % des recrutements soient réservés aux habitants de la région touchée par la sécheresse et le chômage et exigent la participation au développement économique et sociale de la région, considérée comme l’une des plus pauvres au Maroc.


Déterminés à lutter pour leurs droits, plusieurs milliers d’hommes, de femmes et d’enfants construisent des abris de fortune au sommet du mont d’Aleban, à 1400 mètres d’altitude, en dépit des conditions climatiques rudes et des intimidations des autorités.

Répression et intimidation :


Face au mouvement de protestation, les autorités ont tenté vainement de corrompre certains habitants en leur promettant des emplois et des privilèges matériels. Mais ils ne sont plus dupes. Ils connaissent le vrai visage des autorités. Déjà en 1996, quelques mois après être entamée, une manifestation similaire a été dispersée par la force. Bilan : un mort et plusieurs dizaines de militants condamnés à de lourdes peines de prison.


Quelques mois seulement après le début de ce sit-in en août 2011, le gouverneur de Tinghir a menacé de "brûler les manifestants" et d’utiliser la force contre eux. Mais, face à leur détermination, les autorités passent de l’intimidation à la répression ouverte. Elles tentent de les discréditer et commencent par arrêter un jeune militant, Mustapha Ouchtobane, en novembre 2011. Il sera condamné à quatre ans de prison ferme par le tribunal d’Ouarzazat, dans un procès expéditif digne des plus terribles des dictatures. Le 12 juillet 2012, cinq autres militants sont également arrêtés par les gendarmes à Tinghir. Le dossier semble monté de toute pièce. Un entrepreneur, connu pour ses liens avec les autorités, les accuse d’avoir vandalisé un projet de rénovation d’une maison des jeunes à Imider. Ils risquent de lourdes peines de prison.






Les autorités jouent "le pourrissement" :


Enfermées dans une impasse sécuritaire, les autorités risquent à nouveau d’user de la force pour déloger les manifestants du mont d’Aleban, au lieu de négocier une issue à cette situation. Les procès intentés aux militants du Mouvement sur la voie de 96 et la lourde peine infligée à Mustapha Ouchtobane n’étaient qu’un prélude. Dans un pays ou seul l’arbitraire est roi, une réaction brutale des autorités contre les manifestants n’est pas à exclure. La vigilance doit être de mise. 


Il semble que les autorités et l’administration de la SMI jouaient le "pourrissement". Elles comptaient sur l’essoufflement du mouvement de protestation et la démobilisation des habitants. Peine perdue. Le mouvement continue à gagner du terrain. Les habitants sont plus que jamais déterminés à arracher leurs droits à l’entreprise et à vivre dignement sur leur propre terre. Même les enfants n’ont pas échappé au mouvement. Ils ont manifesté fréquemment à Tinghir et près de la mine, ils ont boycotté l’école et ont observé une année blanche.


Le silence des hautes autorités de l’État et la répression qui frappe les militants du Mouvement sur la voie de 96, une année après le début de ce sit-in, est une infamie et une insulte aux habitants de cette région. Ce silence est synonyme de mépris.






Que faire alors ?


Bien que la spontanéité des rassemblements et l’aspect festif de la lutte des habitants d’Imider ait certains côtés positifs, elle a souvent des inconvénients. Les "sit-inneurs" sont certes déterminés à arracher leurs droits. Mais, la détermination, suffit-elle à elle seule pour faire fléchir une entreprise de la taille de la SMI ? La réponse est bien sûr non. Le combat est loin d’être gagné.


Il est alors urgent que de nouvelles pistes soient explorées afin d’exercer plus de pressions sur cette entreprise et, par ricochet, sur les autorités. L’absence de planification de nouvelles actions laissera au hasard des choix cruciaux, ce qui pourrait avoir des résultats désastreux.




Lhoussain Azergui

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