http://makkabylie.blogspot.fr/

mercredi 20 juin 2012

Onze ans après la marche historique des archs | Kabyle.com

Onze ans après la marche historique des archs
sam, 2012-06-16 15:46 -- Wisen Anwa


inShare
Onze ans après la marche historique des archs en Kabylie, on est tenté de dire que nous sommes revenus à la case départ avec un lourd passif à assumer : 126 jeunes kabyles assassinés par les forces de l’ordre, qui demeurent à ce jour, sans jugement. Hormis un simulacre de procès contre l’assassin de Guermah Massinissa, toutes les autres victimes sont consignées dans le registre funeste des pertes et profits d’une guerre sans nom.


Photographie Mokrane A. Kabyle.com 2001


Que reste t-il de cette marche à la Mao ayant drainé, dans un élan spontanée, des millions de marcheurs insouciants et  crédules. On peut dire que même l’appel de novembre 1954 n’a pas réussi une adhésion populaire aussi intense et désintéressée. A l’époque, les délégués des Archs avaient le soutien indéfectible de citoyens avide d’émancipation. Jamais les tribus kabyles n’avaient transcendé leurs différents pour s’unir avec des leaders proclamés par des assemblées populaires.


Puisant dans la tradition séculaire, les délégués des archs ont vite fait de ressusciter une solidarité kabyle que tout le monde croyait disparue. Il a fallu qu’une énorme bévue d’un gendarme arrive aux oreilles d’une Kabylie meurtrie pour que le feu prenne de partout.


Il fallait laver l’affront  d’un crime intra-muros commis par un janissaire au service d’un système aux abois. L’étincelle Massinissa est la goutte qui a fait déborder le vase. Depuis déjà longtemps, la Kabylie ne pouvait plus  supporter sa mise à l’écart par un pouvoir raciste et maffieux. Son refus de rentrer dans les rangs d’une Algérie jacobine dans un moule d’Ouma islamia (nation islamique) lui vouait les foudres de despotes intronisés par la triche et la ruse. La Kabylie était assise sur un brasier.


Depuis avril 80, printemps berbère oblige, la Kabylie est dans l’œil du cyclone. Il fallait à tout prix la fragiliser pour l’empêcher de repartir à l’assaut de sa liberté et de son identité. Tout était bon : chômage, clochardisation des mœurs, recrutement de clientèles locales à coup d’argent sale etc.


Entre temps les mœurs des nations civilisées ayant changé, passant du statut de colonisateurs à celui de bâtisseurs d’un monde meilleur. Désormais on a à l’œil les régimes installés après le vent des décolonisations. Des ONG forcent la main aux maitres du veto pour qu’ils cessent de s’acoquiner avec des dictatures aveugles.


Mais aujourd’hui, que reste t-il du printemps noir si ce n’est des souvenirs amers et des morts en attente de justice ? Tous s’en lavent les mains. Et pourtant les stigmates et blessures de cette période macabres, sont toujours béantes et visibles.


Entretemps l’argent  s’est invité dans le débat et les bouches se sont cousues à coup de sacs remplis de liasses. Depuis déjà un bon bout de temps, on n’entend plus les « ulac smah ulac ».  Des délégués « assermentés » ont parjuré leurs engagements et se sont lancés dans la politique loyale. Ils se sont retrouvés, indirectement, dans le giron de la réconciliation nationale de Bouteflika. Après avoir diabolisé les partis politiques implantés dans la région, ils s’éclipsent, laissant derrière eux, une Kabylie exsangue et martyrisée.
A relire (http://www.kabyle.com/fr/articles/les-tenailles-economico-politiques-se-...).


Et les victimes dans tout cela ? Elles sont inscrites dans le registre des victimes de la tragédie nationale aux cotés des terroristes et victimes du terrorisme. Rien que ça. L’argent de la sonatrach est là pour contenter les récalcitrants. Quelques uns, handicapés à vie, se retrouvent toujours à taper sur des portes qui ne s’ouvrent pas pour une éventuelle prise en charge.


Les responsables de cette tragédie sont toujours en poste où se la coule douce avec  des retraites dorées dans de lointaines contrées.


A l’image des résolutions du congrès de la Soummam, la plate-forme d’el kseur est rangée dans un coin de notre mémoire collective. Quant à son application, ça sera le jour où le soleil se lèvera à l’ouest.  


Wisen Anwa

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire